J’ai le plaisir de vous présenter Alice, une jeune fille très bien élevée. Qui soupçonnerait cette ravissante demoiselle aux manières parfaites et aux longues robes noires de nourrir dans les profondeurs de sa libido un désir volcanique d’être fessée?

Je vous recommande de faire plus amplement connaissance avec elle en visitant son propre blog au titre évocateur, Les vertiges d’Alice« Je ne m’explique pas ce trouble singulier que j’éprouvais déjà très jeune à l’entente de certains mots tel que fessée, punition et autre correction« , nous y explique Alice. « Et puis, est-ce si important d’en connaître les origines? Pas pour moi, plus maintenant ».

Eh bien pour moi si. Car essayer de remonter à la racine des fantasmes d’une personne, c’est partir à la recherche du meilleur moyen de les assouvir, et aussi s’ouvrir soi-même de nouveaux horizons. Je parle souvent sur ce blog de mes souvenirs d’enfance qui alimentent mon propre désir de fessée, mais je ne compte plus les souvenirs d’enfance des autres qui, bien racontés, sont devenus à part entière mes propres fantasmes. Des « fantasmes adoptifs », en quelques sorte. J’ai donc naturellement essayé de creuser un peu le sujet avec Alice. Mais laissons-lui plutôt la parole.

« Je n’ai sincèrement aucun souvenir de fessée dans mon enfance, hormis cette vague fois où mon arrière-grand-mère m’avait donné deux ou trois claques sur le pantalon pour un raison qui m’échappe aujourd’hui », m’écrit-elle dans nos premiers échanges de mails. « Je me souviens d’avoir été très vexée! Je n’ai donc jamais identifié les origines, le déclencheur s’il y en a, de ce désir dévorant et obsédant de fessée ».

« Mais je me rappelle d’un livre, La Correction de Zénaïde Constant. Sur la couverture, un joli, très joli fessier déculotté juste sous les fesses, et l’ombre d’un main qui menace de s’abattre dessus ».

« Ce livre avait été donné à mère par un ami qui l’avait récupéré parmi une flopée de bouquins je ne sais où. Elle l’a lu, dévoré, elle qui ne lit jamais, et l’a fini dans la journée. Et moi je la voyais lire ce livre qui me narguait et m’intimidait. Sentiment étrange… »

« Un jour où je faisais la poussière dans la chambre de mes parents, je suis tombée dessus. Après un regard circulaire pour m’assurer que j’étais bien seule, je l’ai ouvert, j’ai lu une ligne, un chapitre, une page, je l’ai caché sous mon T-shirt et je me suis réfugiée dans les toilettes, la seule pièce de la maison qui fermait à clef, pour poursuivre cette troublante lecture ».

« Je n’ai véritablement connu mes premiers émois que vers l’âge de dix-sept ans, mais avec La Correction j’ai déjà pu vivre les éclairs, ce feu qui embrase le bas-ventre. Cela m’a pris une bonne dizaine de jours pour finir le livre, attendant la moindre occasion pour le subtiliser. Je devais absolument le remettre en place avant que, le soir venu, mes parents ne retournent dans leur chambre. J’ai passé des jours totalement obsédée par les aventures cuisantes et sulfureuses de l’héroïne sans nom qui découvre les plaisirs subtils de la fessée dans un pensionnat religieux pour jeunes filles. Oui, un cliché. Mais un délicieux cliché… »

A ce stade, je n’ai pas encore lu La Correction. J’ignore donc si ces fessées liturgiques dispensées dans un pensionnat déclencheront chez moi les mêmes vertiges que chez Alice. Mais comment ne pas établir d’emblée un parallèle avec mon propre vécu, avec la bande dessinée Les Petites filles modèles de Georges Lévis, qui me fit prendre conscience, vers l’âge de treize ans, que le virus de la fessée était en moi et qu’il ne me quitterait plus? La littérature de flagellation est un bienfait pour l’humanité…

Quoiqu’il en soit, La Correction nous offrait un sujet idéal pour notre première série de photos. Car évidemment, ce n’est pas une lecture pour une jeune fille bien élevée!