Recevoir une fessée de la main d’un autre homme est une idée qui m’a toujours tenté. Mais jusqu’ici j’hésitais à passer à l’acte. Contrairement à la fessée hétérosexuelle, qui comporte pour moi une puissante charge érotique, la fessée masculine se classe dans un registre de mon imaginaire complètement différent et beaucoup plus complexe.

Il m’arrive de me promener sur des sites gay de fessée. Comme dans les sites hétéro, on y trouve une majorité d’images crues, vulgaires, mais aussi quelques pépites. De mon strict point de vue, ce qui gâche un peu mon plaisir quand je consulte ces sites, c’est qu’à l’instar de leurs homologues hétérosexuels ils tendent à considérer la fessée comme un préliminaire à une partie de jambes en l’air en bonne et due forme.

Or je n’ai pas l’ombre d’un penchant homosexuel. J’ai depuis longtemps appris à connaître et à assumer ma sexualité, je me considère comme une personne libre et ouverte d’esprit et si j’avais la moindre attirance pour les hommes, je l’accepterais sans problème, mais le fait est que je n’en ai pas. Et – que mes lecteurs et lectrices homo veuillent bien me pardonner – si l’idée d’être fessé par un homme allume une petite lumière dans mon cerveau, l’idée d’avoir la moindre relation érotique avec lui ensuite l’éteint aussitôt.

Alors, qu’est-ce qui peut bien m’attirer dans la fessée masculine ?

Comme toujours en ce qui concerne la fessée, il faut remonter loin dans ses souvenirs d’enfance pour essayer comprendre. A la maison, c’était le plus souvent mon père qui m’administrait des châtiments corporels. Et si je garde des quelques fessées maternelles que j’ai reçues des souvenirs équivoques, les corrections paternelles, beaucoup plus fréquentes, ne m’inspiraient qu’une crainte pure et dure.

« Arrête tout de suite ou je te donne une bonne fessée ! »

Cette menace, que j’ai entendue un nombre incalculable de fois, me faisait toujours l’effet d’une décharge électrique. Mais selon la personne qui la prononçait, elle promettait soit un moment de plaisir trouble à rechercher, soit un moment de terreur pure à éviter. La sévérité de la fessée, toujours déculottée, n’était probablement pas très différente selon que c’était mon père ou ma mère qui me l’administrait. Mais la façon dont je la ressentais variait considérablement.

 

Fessée qui fait peur

 

Comme je l’ai déjà écrit ici, ce que je préfère dans la fessée, c’est l’idée de punition. Rien ne me procure plus de plaisir que de fesser quelqu’un pour une vraie faute, ou de recevoir une fessée que j’ai vraiment méritée. C’est dans ces moments que la correction prend tout son sens, qu’on la ressent jusque dans la dernière cellule de son corps. Les fessées de réconciliation, qui mettent fin à une dispute, sont à cet égard les meilleures.

Reste qu’aussi sévère soit-elle, une fessée reçue de la main d’un femme aura toujours pour moi un côté érotique, jouissif, qui dilue plus ou moins l’effet de punition.

Il y a quelques mois, j’ai commis une faute. Ce en quoi elle a consisté ne regarde que moi, mais je ressentais depuis lors, et de façon de plus en plus violente, la nécessité d’être puni pour cela. Vraiment puni. J’avais besoin d’une fessée dépouillée de toute ambiguïté érotique. Une fessée qui fasse mal. Une fessée qui fasse peur. Une fessée que je n’ai pas envie de recevoir. Une pure et authentique correction paternelle. L’heure d’essayer la fessée masculine était venue.

Ayant appris mon besoin d’être corrigé, mon ami Olivier, du club de fessée Les Lunes pourpres, s’est proposé pour le satisfaire. Il était la personne idéale pour cela : quelqu’un que je connais depuis assez longtemps pour avoir confiance en lui, qui ne risque pas de vouloir pousser les choses plus loin que la fessée contre ma volonté, et aussi quelqu’un de plus âgé que moi, d’allure stricte, et qui dégage une certaine autorité.

Nous tombons d’accord le samedi. Ma fessée est prévue le mercredi. Quatre jours pour anticiper, pour réfléchir à ma faute et à la punition annoncée. Quatre jours d’effroi, d’appréhensions avivées par les mails et SMS d’Olivier me rappelant que l’heure d’être sévèrement fessé approche. Quatre jours d’hésitations aussi, d’anxiété face à la perspective de franchir cette nouvelle ligne dans l’exploration de mon fantasme. J’avoue que jusqu’à la toute dernière minute, la tentation de tout annuler m’a torturé. Mais non, je n’ai pas reculé, et au final je ne le regrette pas.

Que dire de cette fessée ? Qu’elle fut sévère, longue, administrée d’une main ferme et inflexible. Qu’elle m’a fait mal, qu’elle m’a donné pour la première fois la vraie sensation d’être puni, et que cela m’a bien calmé.

Je préférerai toujours les jeux de fessée avec une femme, la complicité érotique qui s’instaure dans ces moments, le plaisir indescriptible qu’ils procurent. Mais une vraie punition masculine, de temps en temps, quand mon comportement le justifie, pourquoi pas ?